Je m’appelle Cédric Thévenot. Ovalpixel me permet de m’exprimer par le biais de la photographie. C’est l’occasion de partager un regard et des impressions. 

J’ai une formation de graphiste. Etudiant, j’avais apprécié le travail très géométrique de Bill Brandt. Martin Parr est une autre de mes influences. Je me délecte de son regard non dénué d’humour, décalé, parfois moqueur mais souvent génréreux. Le tout avec un sens du cadre et de la couleur indéniable.

Je partage ce goût du décalage. Je crois au pouvoir évocateur de la photographie. Qu’est-ce qu’un cliché réussi ? Si ce n’est un accident heureux entre l’objectif, le photographe et son sujet ?

Je suis mélomane et je ne boude jamais un bon film. Jarmush, Carpenter, Jacques Tati, Claude Sautet, Burton, Almodovar… C’est quand même sympa de pouvoir plonger dans des univers singuliers à l’époque un peu foutraque des réseaux sociaux.

 

Que nous marchions dans la rue ou que nous feuilletions un magazine dans une salle d’attente, notre regard est continuellement sollicité par des flots d’images hétéroclites, souvent d’ordre promotionnel et donc stratégiquement destinées à aiguiser nos désirs. Ces images accèdent, au tournant de l’ère numérique, à une nouvelle dimension. A l’heure des blogs et des sites de communauté virtuelle, leurs origines comme leurs destinations se diversifient tandis que leur flux augmente de façon exponentielle, si bien que notre rapport à elles se densifie, se déforme, se fractionne, sans que l’on puisse le contrôler ni même l’analyser. A force d’échos et de déclinaisons virtuelles, nos vies sont comme prolongées en autant de visions, et au détour de ces ramifications existentielles, il n’est pas absurde d’envisager ces images comme les soudaines actrices de nos vies.

En d’autres termes, qu’il s’agisse d’une publicité flatteuse et ciblée, d’une photo de reportage détournée par une légende habile, ou tout simplement d’un portrait à la webcam parmi cent autres portraits d’un(e) adolescent(e) en quête d’identité, nous intervenons sans cesse sur les images que nous produisons. Mais ces interventions ne sont pas à sens unique : perdant son statut d’icône comme sa prétendue véracité, l’image devient multiple et malléable, et nous avec.

Né de ce constat, mon travail s’engage sur quelques pistes qui en découlent, pour en tirer des phrases photographiques, toujours sur le mode du questionnement.